Le matrimoine, Hervé Bazin
Résumé : Dans la langue familière, se marier est souvent pris comme synonyme de
faire une fin, ce qui semble impliquer qu'a été conclue une association
assurant au nouveau couple l'opulence et la paix jusqu'à son dernier
jour. Or ce jour-là est lointain, ceux qui s'écoulent entre-temps
onéreux et la fin est en réalité celle de la vie antérieure à la
cérémonie : tel est le paradoxe du mariage dont le jeune avocat angevin
Abel Bretaudeau mesure la vérité dès le retour du voyage de noces.
Rien ne l'a préparé à l'existence à deux qui commence pour lui avec Mariette Guimarch, fille de bonnetiers prospères. A deux ? C'est compter sans l'invasion de la belle-famille, puis bientôt d'une nouvelle génération de Bretaudeau, tous profondément marqués par l'éducation Guimarch.
Ainsi le veut la tendance du siècle où le sceptre échappe au roi pour passer aux mains de la reine, où le patrimoine se transforme en matrimoine pour la plus grande gloire de la "méragosse"... et son plus grand souci. Abel le note d'une plume tour à tour vengeresse, amusée, attendrie, au fil de cette chronique d'un ménage pareil à tant d'autres qui est aussi la chronique spirituelle et percutante des mœurs de notre temps.
Rien ne l'a préparé à l'existence à deux qui commence pour lui avec Mariette Guimarch, fille de bonnetiers prospères. A deux ? C'est compter sans l'invasion de la belle-famille, puis bientôt d'une nouvelle génération de Bretaudeau, tous profondément marqués par l'éducation Guimarch.
Ainsi le veut la tendance du siècle où le sceptre échappe au roi pour passer aux mains de la reine, où le patrimoine se transforme en matrimoine pour la plus grande gloire de la "méragosse"... et son plus grand souci. Abel le note d'une plume tour à tour vengeresse, amusée, attendrie, au fil de cette chronique d'un ménage pareil à tant d'autres qui est aussi la chronique spirituelle et percutante des mœurs de notre temps.
Mon avis : Comme d'habitude, l'auteur nous livre une étude sociologique d'une étape clé de la vie : le mariage ; c'est-à-dire, le renoncement à la jeunesse pour la vie de famille et toutes les responsabilités que cela implique. Bazin
par son style bien unique, traite un sujet encore sensible à l'époque,
tout en brisant les tabous, en évoquant la réalité de la vie conjugale
pour enfin conclure que le mariage n'est pas toujours cette fin heureuse
dont rêvent beaucoup de jeunes couples. Dans les années 1950, la place de la femme est bien définie : c'est "l'épouse de", "la mère de". Elle n'a pas d'existence en propre et est soumise à l'autorité du chef de famille. Avec le barbarisme du titre, Hervé Bazin nous explique par le biais de son roman qu'en réalité, il n'en est rien. Les femmes soumettent leur époux, puis leurs enfants, à leur volonté. C'est un être qui se perd, se dilue, dont la personnalité et le physique disparaît avec la maternité pour en faire une personne inconnue qui n'a rien à voir avec la jeune fille épousée. De sorte que c'est ainsi que l'homme se justifie de son infidélité, voire même, l'explique par la recherche de sa conjointe à travers les autres.
Ce
livre a choqué la France bien pensante des années 1960, pour avoir remis
en cause le mariage, la famille, alors pièce incontestée de
la construction d'une vie humaine, et passage logique et obligé de la
mi-vie. Hervé Bazin en
rajoute: à l'usure progressive de l'amour originel, à la banalité des
gestes et préoccupations quotidiennes de la mère de famille, à
l'obligation de calculer (même avec une bonne situation, il faut faire
des choix), à la présence trop intrusive de la belle famille, il ajoute
des éléments ordinairement tabous dans la description de la vie du
couple: la sexualité des jours ordinaires, le changements du physique de
sa femme au fil du temps qui passe et des grossesses, les incidents,
frictions, chamailleries de la vie quotidienne, le dérisoire des loisirs
des vacances à la mer... Par ailleurs, il est à noter que jamais un
enfant n'est présenté de façon positive : ce n'est qu'une sorte d'animal
bruyant et capricieux, en plus d'être une bouche à nourrir.
Je me suis délectée des bons mots de l'auteur et de son ironie grinçante. Je le conseille à tous les jeunes mariés et aux couples plus âgés. C'est un de ces romans méconnus qui pourtant gagnerait à l'être un peu plus.
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